Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

un peu de tout sur tout

29 mars 2012

Les lourds et les légers



Il est de ceux qui ont le cœur lourd

Il est de ceux qui ne se réveillent pas de leurs cauchemars, il est de ceux qui  se lèvent sans consolation. Il est de ceux qui ne tiennent pas l’amour dans leurs mains. Il est de ceux pour qui l’amour est un feu qui brûle ou une eau qui glisse. Il est de ceux qui ne peuvent plus aimer. Il est de ceux qui meurent d’amour pour ne jamais plus aimer.   Il est ceux qui n’allument pas les lampes la nuit de peur d’effrayer leurs angoisses. Et je suis comme lui. Je suis de celles qui ont peur mais qui ne le disent pas. Je suis de celles qui creusent, creusent, creusent, même là où il ne faudrait pas. Je suis de celles qui aiment les crépuscules, je suis de celles qui attendent que Jésus ressuscite encore une fois. Je suis celles qui sonnent le glas des réalités. Je suis de celles qui préfèrent croire au mensonge d’amants mal intentionnés pour pouvoir survivre au manque. Je suis de celles qui connaissent tous les gouffres, de celles qui pourraient te guider jusqu’à la porte des enfers. Je suis de celles qui n’ont pas peur de réveiller les morts. De celles qui n’ont pas peur de la nuit. Mais les cœurs lourds ne peuvent pas voyager ensemble, les cœurs lourds doivent trouver des cœurs légers pour les accompagner dans le soleil, pour les accompagner sur les chemins de verdure. Ces cœurs légers qui font résonner les rires, et les envies. Ces cœurs légers qui s’échappent des brumes, et qui par mille soleils éclairent les cœurs sombres.

 

 

ileauxmorts

L'île aux morts, Arnold Böcklin, 1883, Alte Nationalgalerie Berlin.

Publicité
Publicité
28 mars 2012

Le loup

friedrichDavid Caspar Friedrich.


Tu es un loup des steppes, un exigeant, un ruban pourpre dans le vent. Tu vis ta vie dans la gloire de Dieu. Demain tu porteras ce costume noir qui fait de toi le plus bel homme qui n’est jamais passé le seuil de ma porte. Demain, loin, aux rives d’un océan que je ne connais pas, à la fin d’une cérémonie où je ne serais pas,  tu desserras ta cravate,  et tu ouvriras le col de ta chemise blanche.  Demain là bas, loin aux rives de cet océan. Tu es parti en me laissant un regard et un sourire qui devaient dire moins long que ce qu’ils ont laissé en moi. Quand je regarde au fond de tes yeux, je vois un lac sombre et pourtant j’aime ces eaux mystérieuses. Tu vis ta vie dans la gloire de Dieu, je vis la mienne tant bien que mal, essayant chaque jour de retrouver en mon cœur celui qui vint me visiter ce jour d’octobre. Celui qui vint en moi, comme le souffle qui manquait à mon corps.
Dans tes yeux j’ai retrouvé celle que j’étais il y a bien longtemps déjà. Dans tes yeux j’ai retrouvé la poésie, j’ai retrouvé la romantique, j’ai retrouvé la petite fille qui aimait les yeux jaunes des loups et des hiboux. Dans tes yeux j’ai retrouvé celle que j’avais perdue. Dans ton silence j’ai retrouvé le mien, dans ton silence j’ai retrouvé la lune et la nuit, j’ai retrouvé l’espace dans les plis de la vie…de la vie dans les plis. Je pense à toi, même quand tu es là.   J’ai parfois le sommeil triste parce que je sais qu’un jour une belle jeune fille passera notre porte. Ce jour sera un jour sans fin, un puits sans fond. Le jour où la vague de cet océan, loin là bas, s’effondrera sur moi.

27 mars 2012

La belle


Je suis une belle au bois dormant sur un lit de ronces et de terre moisie. Ma robe blanche est ruinée, salie par des amants aux semences empoisonnées. Je suis une belle dormant pour une éterni†é de senteurs putrides,  n’ayant pour feu qu’une pile de pneus qui brûle dans la terre vague où mes voisins ne cherche même plus à survivre. Je suis une belle au bois dormant depuis si longtemps que ni prince, ni flics ne font plus attention à moi. Je suis une belle dormant dans un ravin, bleue, à demi morte. Je suis une belle au bois plongée dans le sommeil de l’héroïne que je ne suis pas. Je suis là, un corps pendant de toute part,  jonché de détritus. Et sans éclat de rire, sans souffle, sans regards à mon égard, sans une main sur mon épaule, sans une autre peau que celle de la mort. Je suis enfouie dans l’ombre, sous une arche sans triomphe. J’étais une belle au bois dormant si doucement autrefois.  J’étais blanche, scintillante comme le marbre et ma beauté n’avait d’égale que les statues antiques. Autrefois dans les livres je lisais Voltaire et Rousseau. Sous mon lit de plumes blanches il y avait Lamartine, Verlaine et Baudelaire…le temps a suspendu son vol et je suis tombée dans l’âme du diable. J’ai nagé à contre courant, J’ai lutté dans la crue, j’ai lutté dans les flammes mais mon cœur déjà fermentant  ne pu embrasser aucun amour et péri, là où je me trouve aujourd’hui. Corps abandonné, poubelle effroyable, réceptacle morbide.
J’ai oublié mon nom, ma trace s’est effacée derrière moi, je n’attends plus personne. Je suis une horreur, une aberration du monde, je dors là et je ne me  lèverai plus jamais.

ophelie

la mort d'Ophélia, Sir John Everett Millais, 1851,  Tate gallry, Londres.

Publicité
Publicité
un peu de tout sur tout
Publicité
Archives
Publicité