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un peu de tout sur tout
27 mars 2012

La belle


Je suis une belle au bois dormant sur un lit de ronces et de terre moisie. Ma robe blanche est ruinée, salie par des amants aux semences empoisonnées. Je suis une belle dormant pour une éterni†é de senteurs putrides,  n’ayant pour feu qu’une pile de pneus qui brûle dans la terre vague où mes voisins ne cherche même plus à survivre. Je suis une belle au bois dormant depuis si longtemps que ni prince, ni flics ne font plus attention à moi. Je suis une belle dormant dans un ravin, bleue, à demi morte. Je suis une belle au bois plongée dans le sommeil de l’héroïne que je ne suis pas. Je suis là, un corps pendant de toute part,  jonché de détritus. Et sans éclat de rire, sans souffle, sans regards à mon égard, sans une main sur mon épaule, sans une autre peau que celle de la mort. Je suis enfouie dans l’ombre, sous une arche sans triomphe. J’étais une belle au bois dormant si doucement autrefois.  J’étais blanche, scintillante comme le marbre et ma beauté n’avait d’égale que les statues antiques. Autrefois dans les livres je lisais Voltaire et Rousseau. Sous mon lit de plumes blanches il y avait Lamartine, Verlaine et Baudelaire…le temps a suspendu son vol et je suis tombée dans l’âme du diable. J’ai nagé à contre courant, J’ai lutté dans la crue, j’ai lutté dans les flammes mais mon cœur déjà fermentant  ne pu embrasser aucun amour et péri, là où je me trouve aujourd’hui. Corps abandonné, poubelle effroyable, réceptacle morbide.
J’ai oublié mon nom, ma trace s’est effacée derrière moi, je n’attends plus personne. Je suis une horreur, une aberration du monde, je dors là et je ne me  lèverai plus jamais.

ophelie

la mort d'Ophélia, Sir John Everett Millais, 1851,  Tate gallry, Londres.

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